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Prononciation du français

bouche
Langage

Mise à jour
10 février 2024

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This page is in French, but see another page in English, prepared by Robert Dickey, with all the details of French pronunciation — with audio examples — and yet another page showing the intricacies of English pronunciation.

Cette page-ci est principalement destinée à des locuteurs francophones. Vous n'y trouverez pas une étude complète de la prononciation de la langue française, mais seulement quelques exemples. Autant les accents régionaux peuvent être un délice pour nos oreilles, autant une prononciation négligée du français "classique" tend à faire apparaître le locuteur lui-même comme négligé. À entendre parler les gens, même ceux dont c'est le métier de discourir en public, on peut regretter leurs nombreuses fautes de prononciation.

Cliquer sur les petits Bouche pour les exemples audio.

Voir aussi ma page sur les expressions fautives en français.


Consonnes doubles (géminées)


On ne prononce pas en français les consonnes redoublées : il faut dire someil pour sommeil, somè pour sommet, et non pas soMMè (et encore moins soMMé, voir ci-dessous). De même, collègue se prononce comme s'il n'y avait qu'un seul "L". Beaucoup de Français prononcent cependant les consonnes doubles. Est-ce pour démontrer qu'ils connaissent l'orthographe des mots correspondants ?

Correct : sommeil, sommet, collègue, colloque.


Le français a quatre "voyelles nasales" : un bon vin blanc

Faites-vous la différence entre:

Les quatre nasales du français sont (en représentation phonétique) :

Donc : un bon vin blanc = œ̃ bõ vɛ̃ blɑ̃  :

Faites le test brun/brin ou à jeun/Agen ou emprunt/empreint sur un "Parisien moyen" et vous serez surpris de voir qu'il n'entend pas la différence... Vérifiez dans le dictionnaire la prononciation phonétique, et constatez qu'il y en a (il devrait y en avoir) une.


Le francé qu'on cause,
ou l'imparfait et le passé simple,
ou le conditionnel et le futur,
ou é [e] comparé à è [ɛ]

Faut-il accuser Jacques Chirac d'être négligé ?
Il nous rebat les oreilles de ses "Françaises, Francés...". Non, on ne dit pas "Francés", on dit "Français".
Vous n'entendez pas la différence ? Un cahier (à rayures Siéyès) ou un caillé (de laiterie) sonnent-ils comme "il caillait" (argotique)  ? Et "assommé" comme "Le plus haut sommet" ?
Si le passé (simple) a pour vous le même son que "elle passait" (d'un pas nonchalant), vous ne vous étonnerez plus de ne pas voir de différence entre le passé (simple) et l'imparfait, qui ont pourtant des sens bien distincts:

Est-ce parce que le passé simple a complétement disparu de la langue parlée, et perd sérieusement du terrain dans la langue écrite, que l'on ne fait plus la différence ? En revanche, la même observation s'applique au futur et au conditionnel. La confusion phonétique conduit maintenant souvent à des fautes d'orthographe.


(Euro)

Curieusement, dans la bouche de beaucoup de Français, le mot Euro semble être "Heuro" avec un H aspiré (voir ci-dessous), c'est à dire un H qui impose de ne pas faire de liaison (comme dans les mots hache ou haricot). On entend* en effet phonétiquement:

œ̃ øʀoau lieu deœ̃ n-øʀo(un euro)comme un heureux évènement
dø øʀo
au lieu dez-øʀo(deux euros)comme deux heures
trwa øʀoau lieu detʀwa z-øʀo(trois euros)comme trois heures
yi øʀoau lieu deyi t-øʀo(huit euros)comme huit heures
di øʀo
au lieu dedi z-øʀo(dix euros)comme dix heures
vɛ̃ øʀoau lieu devɛ̃ t-øʀo(vingt euros)comme vingt heures
sɑ̃ øʀoau lieu desɑ̃ t-øʀo(cent euros)comme cent ans
sɛ̃k sɑ̃ øʀo au lieu desɛ̃ sɑ̃ z-øʀo (cinq cents euros)comme cinq cents ans
etc.

En bref, il faut faire toutes les liaisons avec le mot "Euro" :

* Pour voir ce que je veux dire, vous devez avoir une police de caractères "unicode" et un navigateur capable de les représenter. Le son ɑ̃ est celui du mot an (Nouvel-An), le son œ̃ est celui du chiffre 1, le son ø est celui du mot œufs, le son ɛ̃ est celui du département de l'Ain ou du mot fin, le son y est notre u français (hue !). Le ʀ est notre r français grasseyé (par opposition au r roulé ou au r anglais).


Liaisons en général

La rubrique précédente sur l'Euro est un exemple de l'abandon des liaisons dans la langue parlée, abandon de plus en plus répandu. Une sorte de paresse, en somme, car en ne faisant pas les liaisons, on n'a pas besoin de connaître la graphie des mots un, deux, trois, huit, vingt ou cent. Le problème ne se posait évidemment pas tant que l'on comptait en francs !

À noter que pour 500, beaucoup mettent un son "k" qui est inutile après le 5 — on prononce sɛ̃ (comme sein ou saint) minutes, pas sɛ̃k (cink) minutes — mais omettent la liaison avant Euro.

L'emploi correct des liaisons rend plus intelligible — et plus gracieuse — l'expression orale. Il ne viendrait à personne l'idée de demander: "vou avé dé enfants ?" sans faire les deux liaisons en z.

J'ai raillé Jacques Chirac ci-dessus, mais je dois (z)ici lui rendre justice : c'est un champion des liaisons. Il n'en rate pas (z)une...

Un autre exemple de cette paresse se trouve dans la rubrique "rentrer" de ma page "Expressions".

Voir les règles de liaison selon l'Académie française.


Le h "aspiré"

Voilà une difficulté de prononciaton que rencontrent nombre de francophones — sans compter les étrangers. Soyons clairs : Il n'existe pas en français de h sonore, réellement aspiré. Ce son existe en anglais, en allemand et dans de nombreuses autres langues, mais ni le français, ni l'espagnol, ni l'italien, ni le portugais ne comportent ce son.

Le h aspiré est un problème constant dans la langue parlée. Le mots commençant par un h aspiré imposent de ne pas faire de liaison avec le mot précédent. La plupart des Français savent que l'on ne dit pas "les (z)haricots" et savent que les héros ne sont pas des zéros, et disent (correctement) "passe-moi la hache" (et non l'hache), regarde le hibou (pas l'hibou) et c'est la honte (pas l'honte), mais se prennent les pieds (ou plutôt la langue) avec des mots comme handicap (on entend souvent, même à la télévision, les (z)handicapés), ou harponner (ils ont (t)harponné les malfaiteurs). Wikipédia fournit une liste complète des mots commençant par un h aspiré.

Autre exemple courant : on doit dire "j'ai été opéré de ma hernie", et non "de mon hernie". En linguistique, cet amuïssement (ou disparition) du h aspiré s'appelle une psilose.

La plupart des mots commençant par h d'origine anglaise — il y a quelques exceptions comme "hour", "heir", ou "honour" — et tous ceux provenant de l'allemand ont un h aspiré. J'écrirai donc les guerres de Hitler et pas les guerres d'Hitler, un studio de Hollywood plutôt que d'Hollywood. Ceux provenant de l'espagnol ont le plus souvent un h muet (un (n)hidalgo), avec quelques exceptions (la Havane). Les mots d'origine grecque (hydro, hyper, hypo, hétéro, homo, héméro, hépatite, hymen) ont un h muet : l'hydroculture, l'hypermarché, l'hypophyse, l'hétérodoxe, l'homosexuel, l'hémérocalle.

9 avril 2018
Ça se dégrade
L'abandon du h aspiré est de plus en plus courant, même à l'écrit chez les journalistes. Ils disent ou écrivent souvent la défaite d'Hillary ou d'Hollande et le port d'Hambourg.

Y en a pusAngry

Vous voulez bien sûr dire: "Il n'y en a plus".
L'élision du "L" dans plus est de plus en plus courante — même si l'on n'entend heureusement pas "de pus en pus" — et manifeste un langage négligé.


Lallation ou lambdacisme

Prononcez à haute voix la phrase suivante: Elle l'aime.
Détournez les yeux de l'écran, et répondez à la question:
Combien y a-t-il de "L" dans la phrase prononcée ?

Prononcez maintenant la phrase: Il l'aime

Combien y a-t-il de "L" dans cette phrase ?

Enfin, prononcez la phrase: Je l'aime

Combien y a-t-il de "L" ?

La réponse est, bien entendu: trois, deux, et enfin un seul "L".
Si vous prononcez les trois phrases avec le même "poids" de L, autrement dit si vous prononcez : eLLèm, iLLèm et jeLLèm avec un double L dans les trois cas, vous faites erreur : les deux premiers sont corrects, mais le troisième doit être prononcé: jelem, pas jeLLem. Cette faute de prononciation est dénommé lallation, infirmité également appelée lambdacisme. On entend de plus en plus souvent des gens qui disent : "Vous LL'aimez" ou encore "Je vous LL'avais bien dit". La lallation consiste à prononcer plusieurs (généralement deux) "L" là où il n'y en a qu'un seul.

Faux : Correct :


Une tasse que force

Le français, contrairement à d'autres langues (allemand, polonais) n'aime guère les collisions de consonnes. C'est pourquoi beaucoup insèrent un "e" entre ces consonnes lorsqu'il y en a plus de deux, et l'on entend stricte minimum au lieu de strict minimum, tasse que force pour task force, arque de triomphe, et matche retour dans le domaine du sport. Le problème ne se poserait pas dans les deux derniers cas si l'on utilisait des expressions françaises, mais le matche de foute (au Parque des Princes) a remplacé depuis longtemps en français la partie de ballon, contrairement à l'allemand (Fußballspiel), à l'italien (incontro di calcio) et à l'espagnol (partido de fútbol)...
Et tous les soirs, le météorologue de service nous prédit la fraîcheur à l'este du pays et une perturbation arrivant par l'oueste de la France.
En linguistique, cela s'appelle une anaptyxe (du grec ἀνάπτυξις = croissance).

Faux : Correct :

En 1812 déjà l'abbé Antonio Scoppa, écrivain italien, faisait la remarque : Les mots [...] terminés par consonnes ne peuvent opérer la liaison lorsque très-souvent ils sont suivis par des mots qui commencent par consonnes. C'est ce qui rend très rude la prononciation. Cette "rudesse" semble incommoder de plus en plus les Français, tandis que les hiatus par absence de liaison (deux euros prononcé dø øʀo) ne les gênent plus guère.


Amuïssement

En phonétique, l'amuïssement consiste en la disparition complète d'un phonème ou d'une syllabe dans un mot ou en finale de mot. Ici deux exemples que l'on entend tous les jours :

1. Pas de problème
Normal : Amuï :

2. Quand même
Normal : Amuï :

L'amuïssement n'est pas réellement une faute, c'est simplement un léger relâchement de la prononciation.


Voir aussi sur Wikipedia une analyse très complète de la prononciation du français avec les variations régionales.

 

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© François de Dardel