Il y avait plusieurs maisons entourées d'un grand parc et de pelouses. Le corps de logis était un grand bâtiment à un étage. L'architecture appartenait au style "suisse" en vogue à cette époque. Ce style était caractérisé par l'emploi de bois comme matériau de construction et par des vérandas, colonnes, trumeaux, balustrades comportant des détails en bois chantourné. La maison était peinte en jaune avec des panneaux rouges. Au rez-de-chaussée se trouvaient la salle à manger, le salon et plusieurs chambres à coucher dont l'une était celle de Fritz von Dardel. Il pouvait aller directement à la chambre d'Augusta, sa femme (née Silfverskjöld), par un escalier tournant menant à l'étage. Les deux vérandas de la façade étaient l'une le domaine d'Augusta et des autres femmes de la famille, et l'autre le domaine de Fritz, deux mondes séparés selon l'usage de l'époque. À l'étage il y avait plusieurs chambres à coucher.
La grande famille, y compris tous les petits-enfants, y passa de très heureux étés pendant quelques dizaines d'années. Après la mort de Fritz von Dardel en 1901, la famille continua à habiter Montebello jusqu'en 1907. Les visiteurs étaient nombreux, tous appartenant au milieu aristocratique et de la haute bourgeoisie dans lequel évoluait la famille von Dardel à Stockholm. Les visiteurs les plus chers étaient toujours Alexandre de Dardel, le frère de Fritz, et sa femme Cécile, qui venaient de Neuchâtel, ainsi que la sœur de Fritz, Augusta Ramel (née de Dardel). Les deux frères et la sœur se plaisaient à se souvenir de leur enfance en Suisse[2]. Les petits-enfants étaient la grande joie de Fritz, et ceci plus encore quand sa vue se mit à faiblir, évènement tragique pour un artiste-peintre.
La vie à Montebello n'était pas différente de celle que la famille menait en ville, c'est à dire une vie confortable selon les idées et mesures de la haute bourgeoisie suédoise de la fin du XIXe siècle. Plusieurs domestiques permettaient aux femmes von Dardel de s'éviter les soucis du ménage. Augusta von Dardel avait même sa femme de chambre personnelle.
On donnait des fêtes à Montebello. La plus grande fut celle en l'honneur des noces d'or de Fritz et Augusta — en 1896 — à laquelle assista toute la famille sauf Carl et Ebba von Dardel et leur fils Carlo. La vie heureuse et sans soucis des étés à Montebello est documentée par des photographies prises par Fritz. On trouve aussi dans la famille un grand nombre de ses dessins et aquarelles immortalisant les étés de la fin du siècle à Montebello.