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Mise à jour
25 août 2018


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Armorial

Blasonnement

L'héraldique en Suisse
par Eric Nusslé















L'héraldique, soit la science et l'art du blason, est en Suisse le complément naturel de la généalogie et n'a pas eu à souffrir, contrairement à la France, de la mauvaise réputation que lui a conféré la Révolution. On distingue, tout comme en France d'ailleurs, deux approches différentes. La première, à laquelle appartient l'auteur de ces lignes, est la science héraldique, qui traite de l'étude des armoiries elles-mêmes, leur histoire, leur emploi, la manière de les décrire, ainsi que les coutumes et lois qui les régissent. La seconde est l'art héraldique, qui consiste à exprimer, par des procédés graphiques ou plastiques les conceptions inspirées par le blason.

Petit rappel historique

Les armoiries, comme vous le savez sans doute, sont des emblèmes, héréditaires ou constants, nés de la décoration des armes du moyen âge et servant de signe distinctif à des personnes ou à des communautés. Leur origine provient de la décoration des armes de guerre en Europe occidentale et de leur développement, en particulier dans les tournois. En fait, au XIe siècle et au début du XIIe, le chevalier était entièrement protégé par son armure, le visage dissimulé par le heaume. Pour l'offensive, il se servait de sa lance, de son épée et éventuellement d'une hache d'arme. L'écu, en forme d'amande et fortement cintré afin d'assurer une meilleure protection, était muni de renforts de métal souvent peints de différentes couleurs.
Une bannière carrée et festonnée, le gonfanon, était attachée à la lance ou portée par un porte-bannière. Elle pouvait être d'une seule couleur, le plus souvent rouge ou verte, ou comporter des pièces de différentes couleurs qui reproduisaient parfois les motifs figurant sur l'écu. On se souvient que Guillaume le Conquérant dut, à la bataille de Hastings en 1066, relever son heaume pour convaincre ses soldats qu'il était toujours en vie. Il était donc devenu indispensable de pouvoir reconnaître le chef de loin par ses vêtements et les parties les plus visibles de son armement. Ainsi, vers le milieu du XIIe siècle, les décorations du gonfanon et de l'écu, jusque là arbitraires et variables, commencèrent à se conformer à des règles basées à l'origine essentiellement sur des critères de visibilité. Ces marques apposées sur la bannière et sur l'écu ne tardèrent pas à devenir héréditaires et à constituer ce que nous appelons les armoiries.

Le droit de porter des armoiries

Les guerres et les tournois ont produit et développé l'héraldique et les Croisades n'ont pas eu de grande influence ni sur leur apparition, ni sur leur développement. C'est sans doute l'emploi des sceaux qui a permis son extension. Si, dans l'antiquité, les rois ou les princes de l'Eglise y étaient représentés couronnés ou mitrés, les chevaliers ne reproduisaient dans leur sceau que les motifs ornant leur écu. Plus tard, vers la fin du XIIIe siècle, leur popularité devint telle que les villes, les évêques, les dames, les bourgeois, les artisans et même les paysans y ont succombé.

En effet, au moyen âge, portait des armoiries qui voulait et la plupart des blasons des bourgeois sont sans doute sortis de leur imagination ou celle de leur graveur. Tout ce que l'on demandait, c'était de ne pas employer des armoiries déjà portées par une autre personne. Cela entraînait bien évidemment des conflits, jugés par une commission de « sages et anciens chevaliers et escuyers ». En Suisse, en plus des sceaux armoriés, il était courant de décorer les façades des maisons, les murs des salles de conseil ou de réunion et les vitraux des églises avec les armoiries des notables, des bourgeois, des représentants des confréries ou les généreux donateurs. Au XVe siècle, l'empereur du Saint-Empire romain-germanique et le duc de Savoie étaient pratiquement les seuls à octroyer des armoiries à leurs sujets. Plus tard, on trouve des lettres d'armoiries émanant du roi de France, et des comtes palatins de l'Empire agissant par délégation, ainsi que des rois de Prusse, de Bohème, d'Angleterre ou de Pologne.

Les lettres d'armoiries étaient établies soit en latin soit en langue vulgaire et le souverain faisait suivre son nom de tous ses titres en s'adressant à l'univers ou plus simplement au destinataire. L'octroi d'armoiries « à l'instar des chevaliers et des nobles » était parfois lié à l'anoblissement, mais pas toujours. Au XVe siècle, les riches marchands étaient les principaux bénéficiaires de ces lettres, alors que dans les deux siècles suivants, les soldats au service étranger furent nombreux à en recevoir en raison de leurs faits d'armes ou en paiement de leur solde arriérée. Sous le régime de Napoléon, le système se poursuivit sous une forme légèrement différente. Le général Jomini, par exemple, reçut une patente de baron avec augmentation d'armoiries. Les dernières lettres d'armoiries furent octroyées avant 1848 par le roi de Prusse en sa qualité de prince de Neuchâtel.

Les armoiries aujourd'hui

À ce jour, plus du 80% des familles suisses possèdent des armoiries, dûment répertoriées dans les nombreux armoriaux cantonaux ou corporatifs. Elles sont souvent anciennes, mais aussi parfois le résultat de compositions modernes ne respectant pas toujours les règles de l'héraldique, en particulier celle dite de l'incompatibilité des couleurs voulant qu'on ne place jamais un métal sur un métal ou un émail sur un autre émail. Il arrive aussi que des particuliers arborent les armoiries d'une famille homonyme sans rapport avec leur propre ascendance. Les artistes héraldistes n'ont en effet pas toujours les connaissances nécessaires pour retrouver le blason correspondant à la bonne famille ou à la bonne branche, de même que le timbre, en particulier le heaume et le cimier, n'ont parfois aucun rapport avec le blason. Ils s'interdisent souvent aussi toute évolution graphique et se contentent de reproduire plus ou moins maladroitement des lambrequins dont ils ignorent le sens, alors qu'à des armoiries modernes peut correspondre une représentation moderne laissant place à une certaine fantaisie, dans la limite des règles héraldiques et du bon goût. Il n'existe toutefois aucune reconnaissance officielle de ces nouvelles armoiries, si ce n'est leur publication dans les armoriaux avec la date de leur dépôt aux Archives du canton dans lequel se situe la commune d'origine. Le classement de ces armoiries varie d'ailleurs d'un canton à l'autre, certains disposant de fichiers héraldiques, d'autres utilisant les dossiers particuliers des familles. Elles restent consultables en tout temps par le public.

Bibliographie succincte


Source : http://www.notrefamille.com/v2/editorial/article-72-l-heraldique-en-suisse.html