OK, dit George Bush, vous nous avez attaqués en traître et cet acte est injustifiable, vous avez fait preuve de barbarie et cette horreur est condamnable, mais derrière le fanatisme et la haine nous autres Américains, plus subtils que vous ne croyez, avons entendu un cri de détresse, un appel, une souffrance, et je vous le dis tout net : nous faisons repentance. Certes nous n'allons pas tendre l'autre joue, ni vous épargner.
Mais nous ferons aussi autre chose. Nous
cesserons désormais d'invoquer les droits de l'homme
quand ça nous arrange pour mieux les piétiner
quand ils nous gênent. Nous cesserons de nous comporter
comme des dinosaures et de saccager la planète, de
piller ses ressources minières et
génétiques pour maintenir notre revenu moyen, qui
est quatre-vingts fois supérieur à celui des pays
pauvres.
Nous refuserons de laisser croupir des peuples entiers
dans la misère pour mieux satisfaire notre boulimie. A
la loi de la compétition effrénée et de la
marchandisation du monde nous substituerons celle de la
coopération méthodique. Nous paierons nos
arriérés à l'ONU. Nous signerons le
protocole de Kyoto, que nous avions déchiré pour
polluer à tout va. Nous essaierons d'éliminer la
part de barbarie qui est la nôtre. Nous abolirons la
peine de mort (quatre mille prisonniers actuellement en attente
dans les couloirs de la mort). Nous interdirons à nos
laboratoires pharmaceutiques de vouloir priver les Africains
malades du sida de médicaments bon marché. Nous
arrêterons de nous surarmer jusqu'aux dents, de
poursuivre notre course à l'armement biologique et
chimique, de consacrer un budget démentiel à nos
armées (270 milliards de dollars) et à notre
futur et inutile bouclier antimissile.
Notre CIA arrêtera de fabriquer des petits Ben Laden, de financer des assassins, de fomenter des coups d'État. Nous empêcherons notre protégé Ariel Sharon, l'ancien commis boucher de Sabra et Chatila, de piétiner tout espoir de paix au Proche-Orient.
Et puis, s'emporta George Bush, nous arrêterons de croire et de faire croire que nous sommes un modèle démocratique insurpassable et insurpassé, car nous sommes encore loin d'être au point, avec nos Noirs citoyens de seconde zone, nos quarante millions de pauvres sans couverture médicale, notre taux d'abstentionnisme record, notre complexe militaro-industriel à la Folamour, notre puritanisme et nos universités qui interdisent Darwin. A l'étalage de puissance et au roulage de mécaniques nous préférerons briller par la culture et l'intelligence, et la sensibilité, et... wouahahah ! (il éclate de rire). Excusez-moi les gars, il faut réécrire ça, un discours pareil j'y arriverai pas...
Jean-Luc Porquet
" Le Canard enchaîné " - Mercredi 19 septembre 2001 - page 5
OK, said George Bush, you attacked us viciously and this cannot be justified, you acted like barbars and this horror is to be condemned, but beyond fanatism and hatred, we Americans, more subtle than what you think, have heard a cry of distress, a call, a suffering, and I am telling you bluntly : we are repenting. Of course, we will not turn the other cheek, nor have mercy.
But we will also do something else. From
now on, we will stop invoking human rights when it suits us and
stamp on them when they annoy us. We will stop behaving like
dinosaurs and ransack the planet, plundering its mineral and
genetic resources to maintain our average income, which is
eighty times higher than that of the poor countries.
We will no longer let entire populations be sunk in poverty to satisfy
better our bulimia. To the laws of unrestrained competition and
merchandising of the world we will substitute a law of
methodical co-operation. We will pay our due fees to UNO. We
will sign the Kyoto protocol, that we tore to pollute
indiscriminately. We will try to eliminate our own portion of
barbary (four thousand prisoners presently waiting in the death
corridor). We will forbid our pharmaceutical industry to
deprive AIDS-contaminated African of cheap drugs. We will stop
overarming ourselves to the teeth, continuing our race for
biological and chemical weapons, spending a crazy military
budget ($270 billions) and developing our future and useless
antimissile shield.
Our CIA will stop producing small Bin Ladens, financing murderers, fomenting coups. We will prevent our protegee Ariel Sharon, the former butcher boy of Sabra and Shatila, from stamping on all peace hopes in the Middle East.
Then, continued George Bush flaring, we will stop believing and giving to believe that we are an unsurpassable and unsurpassed democratic model, because we are still far from that, with our black second-class citizens, our fourty million poor without a health coverage, our record number of absentionists, our Dr. Madlove military-industrial complex, our puritanism and our universities where Darwin is banned. Rather than showing off with our power and machism, we prefer to shine through our culture and intelligence, and through feelings... and whoaoh ! (he bursts out laughing). Sorry, guys, you must re-write this, I ain't going to deliver such a speech...
Jean-Luc Porquet
" Le Canard enchaîné " - Wednesday, September 19th, 2001 - page 5
Translated by François de Dardel