Notes pour Dr. Alfred Maurice* Dardel
Médecin aliéniste, directeur de la maison de santé de Préfargier.
Membre de la Société de Belles-Lettres.
Ouvre en 1913 une clinique privée à Neuchâtel (Clinique du Chanet) où il soignera l'écrivain Antonin Artaud pendant deux ans vers 1920. Il fait de la publicité jusqu'en Espagne.
261Publie en 1916 "Qu'est-ce que la neurasthénie ?" chez Delachaux & Niestlé.
262Notice nécrologique
Les obsèques du Dr Maurice Dardel
Hier, on a rendu les derniers honneurs au Dr Maurice Dardel, décédé après quelques jours de maladie à l'âge de 63 ans.
Né à Saint-Biaise, son lieu d'origine, il est toujours resté profondément attaché à son canton. Il s'est voué tout d'abord aux déshérités de ce monde; médecin-adjoint puis directeur de Préfargier, il a mis tout son cœur à une tâche souvent bien ingrate, toujours avec l'espoir de procurer un peu de bien-être à. des malheureux. Puis il a voulu soulager les souffrances physiques et morales chez ses semblables vivant dans la société. Ce sont alors les nerveux et les psychopathes dont il s'occupe, à la clinique du Chanet puis en clientèle. Malheureux eux aussi, car leurs maux sont cachés, et ils les cachent pour pouvoir vivre une vie normale. Ses malades ont toujours trouvé en lui le médecin compatissant, profondément bon, inspirant confiance et espoir , cet espoir dont le malade a tant besoin.
Lorsque apparut, après la grippe, l'encéphalite léthargique, il a été avec les premiers à chercher comment soulager cette nouvelle catégorie de malheureux. Pendant la guerre, il a été de longs mois dans les camps de prisonniers alliés en Allemagne pour faire rapatrier ou interner les malades.
Celui qui avait le bonheur de l'approcher trouvait un interlocuteur calme, au jugement sûr, d'une culture générale très étendue, toujours enclin à la bonté. Ne pensant pas au mal, il ne le soupçonnait pas chez son prochain. C'est à cela qu'il devait son beau caractère.
Une figure comme celle-ci ne disparaît pas sans marquer un grand vide, car on ne retrouve pas tous les jours un ami comme Maurice Dardel.
Aussi c'est avec une profonde émotion que de près et de loin l'on adresse des messages de sympathie à sa famille.
Au cimetière, l'oraison funèbre a été prononcée par le pasteur Abel de Meuron. Puis le Dr Ernest de Reynier, au nom de la Société médicale, a retracé la carrière du collègue estimé et dévoué. M. Pierre Wavre a apporté un dernier et vibrant adieu au nom de la Société de Belles-Lettres à laquelle le défunt était très attaché et dont il fréquentait assiduement les réunions. Après quelques mots émus adressés par un ancien patient au médecin qui l'avait soigné avec tant de cœur et de compétence, la cérémonie s'est terminée par la prière.
Feuille d’avis de Neuchâtel, 4 novembre 1934, p.10